L’occasion fait le larron
Depuis 15 ans que je vis dans le quartier de LA PAZ dans la ville de Makati, je côtoie quotidiennement les habitants du bidonville Singkamas qui animent la rue jour et nuit. Samedi 19 novembre 15h30. Je suis à Cartemar où j’envisage d’acheter quelques poissons pour mes aquariums.
Appel paniqué de l’équipe….Revenez tout brûle.
A notre arrivée à la fondation de la fumée partout, des voitures de pompiers, des tuyaux qui fuyaient, des flammes qui attaquaient les planches et les tôles, des flammes qui léchaient les maisons environnantes. Un combat difficile pour des pompiers sans grand moyen.
Après plusieurs heures, le feu est enfin maitrisé…mais du bidonville plus rien…
Se mettent immédiatement en place policiers, personnel de sécurité de la mairie de Makati pour empêcher toute reconstruction du bidonville…
*L’incendie a été provoqué, voulu*… Il était urgent d’agir pour la municipalité..Le 28 novembre commenceront les jeux d’Asie dont une partie des épreuves se dérouleront dans le centre sportif à 100 mètres de ce bidonville.
Sans perspective…Ils squattaient le terrain depuis 30 ans. Leur vie communautaire brisée, plus d’école pour les enfants et difficultés pour les parents de retrouver du travail hors du quartier.
Des centaines de personnes campent dans la rue protégeant les quelques objets qu’ils ont pu sauver. Ils savent qu’ils vont être chassés rapidement . Un cercueil apparaît dans la rue. Trois personnes sont décédées lors de l’incendie.( 2 enfants et un adulte )
Notre travail commence…
Nous discutons, nous écoutons….Très rapidement nous percevons l’urgence d’abriter, d’accueillir les familles dont beaucoup ont de nombreux enfants ..
Nous trouvons près de la fondation un grand atelier de confection désaffecté.
Apres nettoyage, nous hébergeons plus de 450 personnes la première nuit…
Le dimanche, nous commençons à nous organiser pour la nourriture, les sanitaires et soignons les enfants et les adultes malades.
Nous réparons aussi pour rendre ce bâtiment habitable.Chacun essaye de trouver sa place….Quelques familles trouvent des solutions à l’extérieur…
Aujourd’hui, environ 350 personnes vivent dans cet atelier…Difficile à trouver à se loger rapidement lorsque l’argent manque…
L’équipe de la fondation travaille sur l’avenir de chaque famille :
- retour en province
- recherche d’un autre logement
- scolarisation des enfants etc ….
mais en attendant il faudra ces prochains mois soutenir ces familles jusqu’au moment où elles auront assez d’économies pour retrouver leur autonomie.
Les habitants et la mairie sont contents. Le quartier est calme, nettoyé de ses pauvres.
Les sportifs peuvent arriver.
Le quartier n’aurait-il pas perdu un peu son âme ? Plus d’enfants et d’adultes qui l’animeront et me diront chaque matin Good morning …Magandang umaga Kuya Dominique
Manille , le 26 novembre 2005
Dominique Lemay