On ne peut pas décrire la culture philippine en omettant le grand héros national José Rizal. Il est bien le personnage le plus important de la culture philippine après le Santo Niño. Il est l’équivalent philippin de notre Sainte Jeanne d’Arc. Il est né le 19 juin 1861 à Calamba (province de Laguna), pas très loin de Manille, dans une riche famille de la bourgeoisie philippine. J’ai eu l’occasion d’effectuer une visite très émouvante dans sa maison natale. C’est une grande maison bourgeoise avec un étage qui a conservé l’atmosphère du XIXème siècle avec ses meubles et son décor et est devenue un véritable sanctuaire. C’est très facile de la visiter en revenant d’une excursion aux chutes de Pagsanjan (l’excursion classique depuis Manille). A huit ans il écrit un poème « Sa aking mag kabata », éloge de la langue maternelle. Il obtient le baccalauréat à quinze ans. A dix-neuf ans il écrit une pièce de théâtre « El consejo de los Dioses » (Le conseil des Dieux) dans laquelle il rend un vibrant hommage à Cervantes et Don Quichotte. Cette pièce a été créée à l’occasion du 264ème anniversaire de Cervantes le 23 avril 1880 au Liceo artistico literario de Manila. Il poursuit ensuite des études de médecine à Manille. C’était un homme extraordinaire à la fois romancier, poète, sculpteur, médecin ophtalmologue mais aussi linguiste. Il parlait 23 langues dont l’hébreu et l’arabe. Il a notamment traduit Schiller en tagalog. Sa langue maternelle était le tagalog mais aussi l’espagnol qu’il parlait admirablement. Il a voyagé et vécu dans de nombreux pays, Espagne, Allemagne, Autiche-Hongrie (où il était l’ami du professeur Ferdinand Blumentritt), Angleterre, Etats-Unis, Japon, Hong-Kong et évidemment la France où il a été notamment l’élève du grand professeur d’ophtalmologie Louis de Wecker. Il vécut en tout trois années en France. Il existe depuis quelques années une place José Rizal à Paris, en haut de la rue de Maubeuge. Quand il était à Barcelone il dirigeait le « Mouvement de propagande des étudiants philippins ». Il milite alors pour que l’Espagne reconnaisse les Philippines comme une province et qu’elles soient représentées au Cortés. A la même époque il est initié franc-maçon dans la loge Acacia n°9 à Madrid en 1883. Il choisit le nom initiatique de Dimasalang (Intouchable). Il est ensuite membre d’une loge de Philippins en Espagne, la loge Solidaridad n°53. Il sera par la suite promu maître au Grand Orient de France le 15 février 1892. Il a écrit deux grands romans en espagnol « Noli me tangere » (en 1887) publié à Paris en 1899 sous le titre « Au pays des moines », réédité avec une nouvelle traduction en 1980 sous l’égide de l’UNESCO avec le titre « N’y touchez pas ! ». Son autre roman « El filibusterismo » est publié en français en 1984 sous le titre « Révolution aux Philippines ». Ces romans critiquent le pouvoir religieux qui règne aux Philippines et sont diffusés au début sous le manteau. Son style est très influencé par Don Quichotte de Cervantes. Après un séjour à Hong Kong il revient aux Philippines où des mouvements d’insurrection voient le jour. La société secrète d’Andres Bonifacio, la Katipunan (KKK), est créée la nuit du 7 juillet 1892 à Manille. C’est un mouvement révolutionnaire qui prône l’insurrection générale. Rizal, lui, est opposé à toute violence. Malgré tout il est proclamé, sans le vouloir, président d’honneur de la Katipunan. Les Espagnols l’exilent alors à Mindanao dans le village de Dapitan (province de Zamboanga del norte). Rizal déclara que Dapitan était conçue pour s’isoler du monde vulgaire. Là il fonde une école et une clinique, il enseigne les langues et les techniques agricoles, il soigne les habitants, il opère les yeux, il achète des terrains et crée une grande plantation de fruits et de café. Il récolte aussi des spécimens de plantes et d’insectes qu’il envoie aux naturalistes européens. C’est là aussi où il rencontra la jeune américaine (18 ans) Joséphine Bracken qui accompagnait son père adoptif aveugle venu se faire opérer par Rizal qu’il avait connu à Hong Kong. Cette jeune fille née à Hong Kong était d’origine irlandaise mais de nationalité américaine par son père adoptif. Ils eurent de grandes difficultés pour se marier en raison de la situation et parce que Rizal était franc maçon. Ils vécurent donc ensemble hors mariage à partir de juillet 1895. De cette union naquit un fils, Francisco, qui, hélas, décéda peu après la naissance. Finalement un mariage religieux fut célébré dans le fort Santiago, la veille de son exécution. Il n’existe, hélas, aucun enregistrement officiel car il n’y avait évidemment pas de registre paroissial dans le fort Santiago. Je dois avouer que je n’ai pas encore eu l’occasion de me rendre à Dapitan mais c’est l’un de mes prochains projets d’excursion aux Philippines. En 1896 la guerre civile éclate mais il se désolidarise des révolutionnaires à qui il reproche leur insuffisance intellectuelle et leurs actions intempestives. Néanmoins se sentant menacé il cherche à partir comme médecin pour Cuba où sévit une épidémie de fièvre jaune. Il est arrêté à bord du paquebot, emprisonné à Barcelone puis renvoyé à Manille où on l’enferme dans une cellule à l’intérieur du fort Santiago. Après un simulacre de procès il est fusillé le 30 décembre 1896 à l’âge de 35 ans. Deux ans plus tard l’Espagne vend les Philippines aux Américains qui resteront jusqu’en 1946. Un monument est érigé à l’endroit de son exécution à l’extrêmité du Parc Rizal, proche de la mer. La statue qui le surplombe est l’oeuvre du sculpteur suisse Richard Kissling. Sur la plaque on peut lire: « Je veux montrer à ceux qui nous refusent le droit au patriotisme que quand nous savons nous sacrifier pour notre devoir et nos convictions, qu’importe la mort si on meurt pour ce qu’on aime, pour sa patrie et pour les êtres qui nous sont chers. » Le 30 décembre est proclamé Rizal day et jour férié. Son plus célèbre roman Noli me tangere! écrit en 1887 a été publié en France en 1899 sous le titre Au pays des moines. Il a été réédité avec une nouvelle traduction chez Gallimard en 1980 sous le titre N’y touchez pas! Certains prétendent que Rizal était fortement influencé par l’oeuvre de Cervantés Don Quichotte. On dit aussi que le fait de maîtriser l’hébreu a été aussi d’une grande influence sur sa pensée au travers des récits bibliques. Ce qui est certain c’est que son oeuvre littéraire est éminemment épique. Aujourd’hui un musée lui est consacré à l’intérieur du fort Santiago. On peut aussi y voir sa geôle et j’avoue avoir été réellement très ému quand je l’ai visitée en pensant à son destin tragique. Sa maison natale, à Calamba est aussi ouverte au public. C’est une grande demeure typique de la bourgeoisie philippine de l’époque coloniale. Je n’ai pas manqué de m’y rendre en pélerinage au retour d’une excursion aux chutes de Pagsanjan. Rizal a eu une vie tellement extraordinaire qu’il pourrait faire l’objet d’un film d’aventures. Un film philippin lui a d’ailleurs été consacré. Aujourd’hui il est vraiment le plus grand héros du pays, respecté et vénéré par tous les Philippins. Il y a quelques années un colloque a eu lieu à Kuala Lumpur et Rizal y a été reconnu comme le plus grand héros de tout le monde malayo-polynésien. A Paris une place José Rizal a été inaugurée dans le 9ème arrondissement. Actuellement on est en pourparlers pour pouvoir y poser un buste.
ORDRE DES CHEVALIERS DE RIZAL:
C’est en 1916 que fut créé l’Ordre des chevaliers de Rizal (Orden de caballeros de Rizal) à Manille. Le colonel Antonio Torres, chef de la police de Manille, en fut l’instigateur. Ce n’est que le 14 juin 1951 que l’Ordre fut reconnu officiellement par le gouvernement philippin par l’acte 646 de la République instituant l’Ordre des chevaliers de Rizal en tant qu’ordre civique, patriotique, culturel, non partisan et non sectaire. Aujourd’hui l’Ordre compte 180 chapitres aux Philippines et 60 dans le monde entier (USA, Espagne, Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique, France…). La devise de l’ordre est Non omnis moriar, ce qui signifie Je ne meurs pas tout à fait ou bien Rien en moi ne peut mourir (au choix).
Objectifs généraux de l’Ordre des chevaliers de Rizal:
- - Etudier et mettre en pratique les enseignements et la philosophie du Dr José Rizal en matière de respect de l’être humain, des droits de l’homme, de justice et de liberté individuelle.
- - Montrer l’exemple par sa conduite et susciter dans son entourage le développement personnel, l’enseignement et la philosophie de respect des grandes valeurs et de liberté parmi toutes les classes de la société.
- - Favoriser parmi les chevaliers l’esprit du patriotisme éclairé, de justice ainsi que les principes fondamentaux de la Chevalerie
- - Développer une union parfaite parmi les frères Chevaliers dans le respect de la mémoire du Dr José Rizal
- - Organiser et tenir des programmes commémoratifs de la naissance et du martyre de Rizal
Objectifs spécifiques de l’Ordre des chevaliers de Rizal:
- - Etudier et diffuser les idéaux de respect et de justice, les enseignements, la philosophie et les valeurs humaines enseignées par Rizal, particulièrement à la jeunesse.
- - Organiser des chapitres pour entreprendre de tels programmes d’activités qui favoriseront l’engagement individuel à l’idéalisme rizalien et qui encourageront la participation personnelle de chacun dans les problèmes contemporains de la société et de la nation.
- - Aider à développer le caractère de la jeunesse dans la formation à la citoyenneté, le respect des principes démocratiques, le nationalisme éclairé ainsi qu’aux services à consacrer à son pays et à son peuple.
- - Chaque membre de l’Ordre doit être informé des objectifs des Chevaliers de Rizal.
- - Connaître et suivre les objectifs de l’Ordre doit devenir un idéal pour chaque chevalier.
Elévation au grade d’officier juillet 2007
Mi ultimo adios (Mes derniers adieux)
Mi ùltimo Adios Adieu, Patrie adorée, terre aimée du soleil, Perle de la mer d’Orient, Eden perdu, Je vais t’offrir, heureux, ma vie. Et fut-elle plus fraîche, plus épanouie, plus étincelante C’est à toi que je la donnerais ! Sur les champs de bataille, sans regrets ni doutes, D’autres luttent avec fougue : ils t’offrent leur vie. Et qu’importe le lieu ! Sous les cyprès, les lauriers, les lys, Sur l’échafaud ou à découvert, combat ou martyre Nulle différence entre eux quand Pays et Foyer les appellent ! C’est ma mort. Le ciel perce la lugubre cape Se colore, annonce le jour. As-tu besoin de rouge pour teindre ton aurore ? Verse mon sang, répands-le sans tarder Et dore-le d’un reflet de sa naissante lumière ! J’étais adolescent que déjà mon rêve Mon rêve de jeunesse une jeunesse si vigoureuse Etait de te voir, les yeux exempts de larmes, sans froncements Oh joyau de la mer d’Orient, Le front lisse, sans rides, sans rougeurs Idéal de ma vie, désir ardent ! Cette âme qui bientôt s’en ira te salue ! Ah, qu’il est doux de tomber pour te donner un élan Mourir pour te donner vie, mourir sous ton ciel, Reposer à jamais en ta terre délicieuse! Si sur ma tombe, dans l’herbe épaisse, Tu vois un jour pousser une humble fleur, Porte-la à tes lèvres et embrasse mon âme. Sous la pierre glacée, je sentirai sur mon front Ton tendre soupir, ta chaude haleine. Laisse la lune, qu’elle me voie, de sa douce et paisible lumière Laisse l’aube, qu’elle m’offre sa splendeur fugace Laisse le vent, qu’il gémisse de son grave murmure Et si un oiseau descend et se pose sur ma croix Laisse-le, qu’il entonne son cantique de paix ! Laisse le soleil, que sa braise évapore les pluies Qu’elles remontent, pures dans le ciel, augmentées de mon cri ! Permets qu’un ami pleure ma fin précoce Et dans la sérénité du soir, si quelqu’un prie pour moi Toi aussi, Patrie, prie pour mon repos. Prie pour tous ceux qui sont morts dans la détresse Tous ceux qui subirent des tourments immenses Pour nos pauvres mères qui se morfondent de chagrin Nos orphelins, nos veuves, le prisonnier qu’on torture Prie pour toi-même, ta rédemption Quand la nuit obscure recouvre les sépultures Et que seuls les morts veillent en sentinelles Ne trouble pas leur repos, ne trouble pas le mystère : Entends - tu une cithare ou une harpe ? C’est moi, chère Patrie, c’est moi qui chante pour Toi. Quand ma tombe, oubliée de tous, N’aura ni croix ni pierre marquant mon lieu Qu’un homme en disperse le sable Et que la poussière des mes cendres, Avant de regagner le néant, te serve de tapis. Il importe peu que tu m’oublies Ton air, ton ciel, tes vallées, je les traverserai Pour toi, ton ouïe, je serai note claire et cristal Parfum, lumière, couleur, rumeur, chant, plainte : Inlassable répétition de l’essence de ma foi. Patrie tant aimée, douleur de mes douleurs Chères Philippines, écoutez cet ultime adieu ! Je vous abandonne tout : mes parents, mes amours. Je vais là où il n’y a ni esclave, ni maître, ni tyran Je vais là où la foi ne tue point, là où seul règne Dieu Adieu parents, frères, fragments de mon âme Amis de mon enfance, amis de ce foyer perdu Rendez grâce, que ce jour épuisant s’achève Adieu, douce étrangère, mon amie ma joie, Adieu êtres aimés. Mourir, c’est se reposer. poème écrit en espagnol dans sa geôle la veille de son exécution traduit par Gérard PourqueryChapitre Dimasalang-Ile de France de l’Ordre des chevaliers de Rizal:
Réunion du comité constitutif du nouveau chapitre Dimasalang-Ile de France avec Michel Poitevin, Carlos Arnaldo, votre serviteur, Leo Mojica et Bernard Pot
Le 2 mars 2008 la cérémonie d’installation du nouveau chapitre Dimasalang-Ile de France s’est déroulée à l’ambassade des Philippines à Paris sous la présidence de Sir Lino Paras (conseiller spécial auprès du regional commander) venu tout exprès de Bruxelles. A ses côtés siègeaient Sir Cesar « Bhoy » Alcoba area commander for Belgium, Sir Antonio « Tony » Guansing consul honoraire à Anvers et sir Rudy Nollas.
Carlos « Choy » Arnaldo a été intronisé commandeur du chapitre.
Défilé à Paris avec les Damas de Rizal
- Les membres du conseil d’administration de ce nouveau chapitre sont:
- Carlos Arnaldo…………commandeur régional (regional commander)
- Bernard Pot…………….commandeur (chapter commander)
- Leo Mojica………………chancelier (chancellor)
- Catalino Oabel…………secrétaire (pursuivant)
- Mark Romaraog……….secrétaire adjoint (deputy pursuivant)
- Jean-Michel Hermans…trésorier (exchequer)
- Michel Poitevin…………archiviste (archivist)
- Melvin Reyes…………..administrateur (trustee)
- Jean-Yves Dupras……..administrateur (trustee)
- Jeffrey Religioso……….administrateur (trustee)
Officiers régionaux en septembre 2010:
- Carlos ARNALDO……………….Représentant d’outre-mer pour l’Europe et Archiviste Suprême
- Tony GUANSING……………….Commandeur régional pour l’Europe
- Bernard POT…………………..Commandeur régional adjoint pour l’Europe
- Jess UMALI…………………….Commandeur pour la France
- Leo MOJICA……………………Commandeur adjoint pour la France
Nouveau conseil d’administration mai 2014:
- Leo MOJICA……………………….Commandeur
- Bernard POT……………………….Commandeur adjoint
- Jean-Claude PERRICHON……Secrétaire
- Christophe PETIT………………..Chancelier
- Jean-Yves DUPRAS……………..Trésorier
- Alexandre SCOTT………………..Archiviste
- Jean-Michel HERMANS………Administrateur
- Catalino OABEL………………….Administrateur
- Michel POITEVIN……………….Administrateur
Liens :
-Jose Rizal website
-Site de M Dominique Blumenstihl-Roth
-Fondation Virlanie
http://rizal.voila.net/herosnationaldesphilippines/
http://joserizal.ph/in01.html
Videos :