Aujourd’hui c’est le jour de repos des ouvriers. Je me suis levé à 4h30 (hier 4h00). Les premières lueurs de l’aube apparaissent vers 5h10 et il commence à faire jour à 5h20. Le soleil ne se lève pas à l’est mais au sud-est et il se couche à 18h00 au nord-ouest. Je me suis levé vers 23h00 ou minuit, j’ai fait un tour sur la plage (baybayon) et je n’ai pas réussi à voir la lune. Il n’y a pas de lune et la nuit est donc très noire. Ce matin je vais à la messe avec tante Sita. Nous sommes, apparemment les deux seuls du village à y aller… La déchristianisation de la société est mondiale et touche aussi les Philippines même si, ici, on n’arrive pas aux abominations christianophobes rencontrées en Europe ou en Argentine (en occident les mouvements soi-disant progressistes n’ont qu’une seule et unique valeur : une haine viscérale de la religion catholique comme du temps d’Emile Combes - qui a mis quand même son fils à l’école chez les Jésuites -). On est à l’église à 5h45 mais en fait la messe commence à 6h30. La tante est l’une des rares personnes à perpétuer la tradition de frapper sur la porte de l’église avant d’entrer alors que la porte est grande ouverte. Je suis évidemment un peu déçu par la messe même si Vatican 2 a fait moins de ravages ici qu’en France (il y a encore des agenouilloirs et de l’eau bénite dans les bénitiers). J’ai pu compter 12 mantilles, ce qui est peu mais toujours plus qu’en France où on n’en trouve plus que dans les
L’oncle Sanito, la tante Sita et la grand-mère Lola Paz
paroisses traditionalistes (la tante Sita et sa sœur Andresa portent la mantille et ça me réjouit d’avoir encore deux traditionalistes qui s’ignorent dans la famille). Il y a beaucoup de chants et même si je préfère cent fois les grégoriens (la seule musique réellement sacrée) ces chants sont très différents des cantiques entendus en France. Ce sont des mélodies de style philippin, différentes de chez nous et elles sont très mélodieuses et très belles. Il y a une quinzaine d’années on avait commencé à installer un système style karaoké comme je l’ai vu dans certaines églises en France, ce qui était déplorable. C’était pour faire moderne et faire comme les occidentaux. Ils sont revenus aux cantiques traditionnels que tout le monde connaît et c’est beaucoup mieux. Il n’y a pas de femme « chef d’orchestre » en pantalon pour battre la mesure comme dans toutes les églises de France et il n’y a pas de feuille distribuée à l’entrée. Il y a des enfants de chœur mais qui ne sont là que pour le décor puisque Vatican 2 leur a supprimé toute fonction. Il y a par contre plusieurs diacres en uniforme qui prennent les hosties dans le tabernacle pour la communion. Il y a aussi sept ou huit dames en uniforme avec la mantille sur la tête pour la quête. Le curé est assis face à ses ouailles, c’est-à-dire en tournant le dos à Dieu, mais il ne s’en rend même pas compte et c’est triste… 95% des fidèles prennent la communion dans la main comme si c’était un vulgaire bonbon. Je fais partie des 5% à la prendre sur la langue mais, hélas, pas à genoux comme cela devrait être fait et comme j’aimerais vraiment pouvoir la prendre. L’église était pleine (70% de femmes) mais inutile de préciser que j’étais le seul Américano alors qu’il y a quand même pas mal d’occidentaux à résider dans les parages. Je connais le padre car il est venu baptiser notre maison l’année dernière et j’avais mangé avec lui. Dans deux jours c’est mon anniversaire, mon épouse m’a dit que tous les cousins vont venir et on est donc obligé de prévoir un grand repas avec 10 kg de cochon. J’aurais aimé inviter le curé, j’ai beaucoup de choses à parler avec lui mais madame Hermans ne veut pas. Ceci dit, mon épouse vient de me dire qu’elle avait décidé que nous mangerons de la viande tous les dimanches. Je suis d’accord avec elle. Alors ce sera adobo sa baboy every domingo, pour parler mon sabir franco-bisaya-américain habituel.