Le super typhon Yolanda

Le super typhon Yolanda :

Car en effet le 8 novembre le super typhon Yolanda est passé par là. C’est le typhon le plus violent jamais enregistré avec un vent soufflant à 300 km/heure et des rafales atteignant 350. Albuera est situé exactement au cœur du typhon. Deux jours après le typhon un hélicoptère a survolé la région. Il s’est posé à côté de chez nous et deux Japonais en sont descendus pour prendre notre maison en photo avec l’oncle Sanito devant. Je n’ai pas reconnu Albuera quand nous l’avons traversé et je n’ai même pas reconnu le village en arrivant. L’un des ponts entre Ormoc et Albuera, pourtant en béton, a été endommagé. La gare routière d’Ormoc et le marché n’ont plus de toit. Toutes les maisons des pauvres en bambou ont été balayées. Celles en parpaings n’ont plus de toit ou ont le toit très abîmé. Je n’ai vu aucun chantier entre Ormoc et Albuera. Il n’y a plus un seul poteau en état. Beaucoup ont été cassés, y compris les poteaux en ciment. Ceux en métal ont été tordus et tous ceux qui ne sont pas cassés sont couchés. On prétend que l’électricité serait rétablie pour Noël, mais en fait sur la grande route qui va d’Ormoc à Baybay, pour les villages on parle d’avril. Quatre semaines après la catastrophe les remises en état sont très rares. On voit des poteaux en bois neufs déposés au bord de la route mais personne pour les mettre debout. A Balugo ils ont

Notre maison après Yolanda

Notre maison après Yolanda

édifié un nouveau pylône pour la ligne à haute tension qui passe sur la montagne. On voit beaucoup de camions militaires à Ormoc et même à Albuera. J’ai vu pour la première fois des hélicoptères militaires survoler Ormoc. A quelques encablures au large se tient un gros bateau gris qui serait américain. On croise parfois des camions militaires australiens. Je ne sais pas exactement ce qu’ils font. Il y a les Taïwanais qui sont passés dans les villages distribuer de l’argent à ceux dont la maison a été détruite. Ils donnent environ 150 euros ce qui est pas mal pour un Philippin qui gagne 4 euros par jour s’il a un travail. Ils sont passés d’abord voir le maire à Albuera et celui-ci leur a dit qu’à Albuera il n’y avait pas de problème, que tout allait bien (Madame la Marquise) et qu’ils devaient aller voir ailleurs, ce qu’ils ont fait. Inutile de dire la colère des habitants. Ce maire a réellement sous-estimé l’ampleur des dégâts. Médecins sans frontières reconstruit un hôpital à Guyan sur l’île de Samar. Le médecin français qui s’en charge était mon voisin dans l’avion. A l’hôpital OJH d’Ormoc, la Croix rouge canadienne a installé des tentes blanches qui sont bondées.

Là travaillent des médecins canadiens et norvégiens. Je suis tombé sur un van « Médecins du monde » à Ormoc. Il y avait deux Philippins à l’intérieur. Ils m’ont dit qu’il y avait des médecins français à Tacloban et aussi à Ormoc mais ils n’ont pas pu me dire ce qu’ils faisaient vraiment. J’ai rencontré à Ormoc une jeune Canadienne de la Croix rouge canadienne. Curieusement, maintenant, la Croix rouge canadienne se sent obligée de rajouter un croissant de lune sur ses uniformes. Quand vont-ils se résoudre à changer le nom ? Le mot croix est une abominable provocation pour nos « frères musulmans »… J’ai vu un beau 4×4 de la Finish red cross, immatriculé à Dubai, avec le croissant rouge aussi. Le gouvernement philippin de son côté a donné du riz mais d’après la tante il ne sent pas bon. J’ai vu une queue d’un kilomètre à Ormoc pour une distribution de nourriture. On croise des camions militaires chargés de sacs et nous avons vu de gros camions en passant dans les villages pour la distribution de vivres. A Albuera on voit neuf gros camions de l’armée garés à côté du marché. Un camion était plein de militaires mais aussi de civils. Nous allons à Ormoc plusieurs fois par semaine car il y a toujours quelque chose à acheter pour les travaux.

L’hôpital de la Croix rouge

Les tentes de la Croix rouge canadienne à l’hôpital d’Ormoc

9 décembre 2013 : On a vu, pour la première fois, des chantiers pour remettre les poteaux (ça a pris un mois)… Tout vient à point à qui sait attendre… Curieusement j’ai constaté que tous les poteaux étaient penchés vers l’est. Le vent a donc soufflé de l’ouest alors que le typhon venait de l’est. En fait il ne s’agit pas d’un vent comme le mistral ou la tramontane mais d’un tourbillon qui, bien qu’arrivant de l’est, soufflait ses rafales en tournant depuis l’ouest.

Le 12 décembre on voit une douzaine de gros camions-nacelle entre Albuera et Ormoc. Les travaux de remise en état du réseau électrique commencent enfin sérieusement (o-l-été vitement temps…). A Ormoc j’ai croisé une grosse voiture de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et une voiture de « Doctors worldwide Turckey ». J’ai croisé aussi un van de Médecins sans frontières et j’ai croisé celui de Médecins du monde sur la route à Taroc qui descendait vers le sud. J’ai rencontré une Québécoise de Médecins sans frontières qui m’a dit qu’ils allaient aussi dans les villages. C’est la première fois en 23 ans que je vois des ONG à Ormoc. Mais ce que les Philippins attendent surtout ce serait « Couvreurs sans frontières » et « Maçons du monde »… car le typhon n’a pas rendu les gens plus malades mais a simplement détruit leurs maisons. Et surtout il faudrait des sacs de riz, encore des sacs de riz et toujours des sacs de riz…

21 décembre 2013: les Américains ont distribué des plaques de galvanized pour refaire les toits. La tante Andresa en a reçu 12 ainsi que la tante Melba à Tabgas. Ils donnent aussi un marteau et des clous. C’est long mais petit à petit ça avance… Selon mon épouse un homme passe dans les villages en éclaireur pour voir l’état des lieux. En passant à Taroc il a vu les gens jouer aux cartes et ça ne lui a pas plu du tout (sans doute un Mormon ou un Evangéliste de la même estamelle). Du coup les habitants de Taroc seront punis et ne recevront aucune aide de leur part… Un des problèmes causés par Yolanda est la rupture de stock de nombreux produits. On a du mal à trouver de la peinture ou du contreplaqué ou n’importe quoi. J’ai voulu acheter une clef USB pour recevoir internet chez Globe (une grosse compagnie) et c’est aussi en rupture de stock. Assez souvent la station-service d’Albuera n’a plus d’essence non plus.

23 décembre 2013 : Je vais à Baybay (30 km) pour accéder à internet. Tout le long de la route je vois des dizaines de poteaux cassés ou penchés, des poteaux neufs mais sans câbles et sur 30 km je ne vois qu’un seul camion travaillant sur un poteau ! Déjà samedi dernier personne n’a travaillé. Pour quelle raison ? C’est peut-être les vacances de Noël pour les employés de la compagnie d’électricité ? On croirait avoir affaire à la SNCF ou la RATP ! C’est scandaleux. En France après une catastrophe naturelle les employés d’EDF travaillent 24 heures sur 24…

Joachim devant les décombres des maisons de Taroc

Joachim devant les décombres des maisons de Taroc

26 décembre 2013 : Je fais quelques kilomètres avec la voiture pour voir l’avancement des travaux. Eh bien, absolument personne ne travaille !!! Aucun chantier en vue !!! Les vacances de Noël continuent pour les employés de la compagnie d’électricité (Leyeco) alors que des centaines de milliers de personnes sont privées de courant… Ahurissant… J’ai conduit le petit train de Montmartre pendant douze ans chaque samedi et dimanche, le jour de Noël, le 1er mai, le 14 juillet et régulièrement jusqu’à minuit. Il y a des gens qui veulent monter à Montmartre et le train ne s’arrête jamais…

Les équipes de remise en état du réseau électrique

Les équipes de remise en état du réseau électrique

27 décembre 2013: Nous allons à Ormoc acheter 50 sacs de ciment. Il n’y en a pas. Le cargo qui apportait le ciment a été détourné sur Baybay car la priorité est donnée aux bateaux qui apportent les vivres envoyées par les organismes internationaux. Effectivement nous avons croisé trois grosses semi-remorques « United nations.World food programm ».Tant mieux pour les populations affamées mais très compliqué pour faire des travaux. Ceci dit nous n’avons pas vu un seul chantier sur le réseau électrique.Quand je suis arrivé on disait qu’on aurait peut-être l’électricité pour Noël sur la grande route, maintenant on parle d’avril… A Baybay j’ai croisé un camion de Handicap international. Il y a des ONG à ne plus savoir qu’en faire… Dommage que Baybay n’ait pas été touché par le typhon… Quand le typhon a soufflé c’était marée basse. L’oncle a ouvert toutes les fenêtres de la maison pour qu’elles n’explosent pas. La tante dit qu’il y avait beaucoup de sable et des cailloux dans la maison. Trois fenêtres ont quand même été détruites.

28 décembre 2013 : O miracle ! Les chantiers sur trois poteaux ont repris. J’ai demandé à l’un des ouvriers quand on aura enfin l’électricité et il m’a répondu, comme on me l’a déjà dit : l’année prochaine… Heureusement que ce n’est que dans quatre jours…

dimanche 29 décembre 2013 : Ils n’ont pas travaillé pendant une semaine et aujourd’hui, dimanche, ils rattrapent le temps perdu. Tant mieux mais je ne comprendrai jamais leur fonctionnement. Demain c’est Rizal day et mercredi le 1er janvier… on verra…
Un homme est passé ramasser tous les compteurs électriques. On a donné 200 pesos et demain on doit aller le rendre à la compagnie à Ormoc. Ils changent tous les compteurs électriques mais ne me demandez pas pourquoi. Je n’en ai aucune idée.
Une jeune fille est passée au village enregistrer tous ceux dont les bateaux ont été abîmés avec Yolanda. Un fonds de secours est prévu pour aider les pêcheurs à remettre leurs bateaux en état. Il y a un bateau assez gros juste à côté de notre maison avec un trou dans la coque. Le propriétaire n’a pas les moyens de le faire réparer.

Il existe diverses associations qui offrent de l’aide aux sinistrés. L’église Iglesia ni Christo a donné tous les éléments pour construire une petite maison à notre proche voisin qui est l’un de leurs fidèles. Il s’agit en fait d’une cabane de 12 m² en bois de cocotiers avec du contreplaqué cloué dessus et trois plaques galvanisées.
Mon beau-père a pu aller chercher gratuitement quelques sacs d’engrais pour les rizières. Ils donnent aussi les semences pour repiquer le riz. Il faut dire que Yolanda est passé juste avant la récolte et que tout a été détruit, on n’a rien récolté. C’est déjà une très bonne chose, on aura du riz à récolter dans cinq mois.

Camions militaires au marché d’Albuera

Camions militaires au marché d’Albuera

15 janvier 2014 : Aujourd’hui les Australiens ont fait une distribution de bouillon de riz à l’école de Taroc. Joachim n’en a pas mangé car il n’aimait pas. C’est le seul enfant à ne pas en vouloir… et pourtant il est l’un des très rares Américanos à manger le bouwad (poisson séché)…

Le cimetière d’Albuera a subi aussi les conséquences de Yolanda mais différemment. Les tombes philippines sont en ciment mais elles sont posées sur le sol. Elles ne sont pas enterrées comme chez nous. Et au-dessus on place un toit et ça fait comme une petite maison. La tombe de ma belle-mère n’a pas été détruite par le typhon mais trois jours après il n’y avait plus de toit. Des gens ont volé les galvanized des tombes pour réparer le toit de leur maison.

16 janvier 2014: Asian children’s foundation distribue des chaussures aux élèves de l’école de Taroc. Joachim est le seul à ne pas en avoir pris.

19 janvier 2014 : Une dame qui vient d’accoucher à Ormoc nous dit que tous les docteurs étrangers sont repartis…
Depuis quelques mois il est interdit d’accoucher à la maison. Les femmes doivent aller à l’hôpital. À Albuera les camions militaires sont repartis aussi.

25 janvier 2014 : J’ai encore vu beaucoup de voitures d’ONG à Ormoc : International medical corps, Child fund, Oxfam, UNHCR Refugee, UNICEF, Philippines Red Cross, Organisation mondiale de la santé, Médecins du monde, ILO (International Labour Organization), Save the children… Il y a donc encore beaucoup de médecins.
Les Chinois ont une grande tente bleue avec le drapeau chinois dessus. Ils passent dans les villages. L’UNICEF, elle, fait la même chose avec une grande tente blanche. L’ONG bouddhiste Tzu Chi (fondée par un moine taïwanais) semble très active à Ormoc, certainement activée par les Philippins d’origine chinoise qui sont présents à Ormoc (Les jeunes ont défilé dans la rue avec un dragon le jour du nouvel an chinois mais ils ressemblent tous à un Pinoy, il y a eu beaucoup de mélanges…). Cette ONG a installé douze grands bungalows en forme de tunnel à Kananga, à 30 km au nord d’Ormoc, dans l’immense cour de l’école au centre de la ville. Ces bungalows sont fabriqués avec des panneaux qui ressemblent à du carton ondulé mais en matière plastique. On peut les tordre comme on veut. Ce sont les salles de classe. Et juste à côté il y a trois tentes des Chinois.

FPUA : L’organisme France Philippines United Action construit un village dans le nord de Cebu à Daanbantayan pour reloger les habitants. Cet organisme regroupe des entreprises françaises (Lafarge, Total, Sanofi-Aventis, Schneider electric, le Grand Conseil du vin de Bordeaux). La Croix rouge française y est associée.

FPUA :  L’organisme France Philippines United Action

FPUA : L’organisme France Philippines United Action

2 février 2014 : Je n’ai toujours pas de messagerie et internet fonctionne très mal. Quasiment impossible d’avoir des échanges corrects avec la France.
Le gouvernement philippin donne 5 000 pesos à tous ceux âgés de soixante ans ou plus. Pour les couples il ne donne que pour un mais c’est déjà ça…

8 février 2014, trois mois déjà : Il n’y a toujours pas l’électricité à Kayag ang ni dans les autres villages. A Albuera une partie de la ville a le courant mais pas partout. On voit encore des poteaux cassés ou tombés qui n’ont toujours pas été enlevés. On dit qu’on aurait l’électricité en avril… ça fait très long…

Le village de Kayag ang dévasté par Yolanda

Le village de Kayag ang dévasté par Yolanda

9 février 20 Les ONG présentes à la suite de Yolanda sont donc très nombreuses : Philippines red cross, Croix rouge internationale Genève, International ai pas rencontrées. Virlanie, elle, a lancé une opération de reconstruction du village de pêcheurs Tiglawigan à Negros.

9 février 2014 : Nous sommes allés au lac Danao. En arrivant dans le village il y avait un gros camion plein de galvanized, de tasseaux en cocotier et de cartons de clous. Il y avait une foule pour cette distribution gratuite. Et, oh, surprise, c’est Enfants du Mékong qui finance et organise. Cela m’a tellement ému et fait plaisir que j’en ai eu les larmes aux yeux. J’étais à cent lieues d’imaginer que c’était une ONG française qui venait au secours des populations dans la détresse. Je connais bien Enfants du Mékong car j’ai eu l’occasion de déjeuner avec l’un des fondateurs Jean-Claude Didelot il y a une vingtaine d’années dans leur siège du boulevard du Montparnasse. A San José, à côté de l’aéroport de Tacloban, l’UNHCR a installé des centaines de tentes pour abriter les habitants. Ce village a été l’un des plus sévèrement touché car la mer l’a submergé. A Palo j’ai vu une grande tente beige de I.S.A.R Germany (International search and rescue) à côté de la cathédrale qui n’a plus de toit. Ils refont le toit. J’ai eu l’occasion de parler avec un jeune Suisse, le Deputy head of Delegation Haiyan Operation, un membre du Comité international de la Croix Rouge à Eastern Samar qui a été très touché aussi par Yolanda. Mais j’ai vu aussi sur le parking de l’aéroport une voiture de la International Red Cross basée à Dubai. A Tacloban j’ai croisé un gros camion de l’US Aid, Typhon Yolanda response (United states international development). Ils ont distribué partout des tubes de pâte de A 20, un aliment énergétique (High energy nutrient dense food). Les gens de mon village en ont eu. J’ai vu aussi un camion de Civitas relief international. A Catbalogan j’ai croisé aussi un petit camion de l’UNICEF. Les ONG présentes à la suite de Yolanda sont donc très nombreuses : Philippines red cross, Croix rouge internationale Genève, International Red Cross Dubai, Croix Rouge canadienne, Croix Rouge française, UNICEF, OMS (Organisation mondiale de la santé), Enfants du Mékong, UNHCR, ISAR Germany, Handicap international, Médecins sans frontières, Médecins du monde, Tzu Chi, Save the children, Civitas, Oxfam, Child fund, International medical corps, Doctors worldwide Turckey, WOI (World outreach international), JICA (japonais), OCHA (Nations unies), UNDP (United Nations development programme), IOM Community chest of Korea (Internationaloffice of migration), WHO et sans doute d’autres que je n’ai pas rencontrées. Virlanie, elle, a lancé une opération de reconstruction du village de pêcheurs Tiglawigan à Negros.

lundi 17 février 2014 : Au hardware d’Ormoc il y avait ce matin une douzaine d’étudiants allemands. Ils étudient le management à Silliman university à Dumaguete. Ils sont là pour reconstruire l’école à Kananga, envoyés par l’université. C’est très bien car c’est exactement ce que j’ai l’intention d’organiser à Albuera avec des jeunes de Charente maritime. Mais à vrai dire, je les vois mal montés sur le toit à fixer les galvanized. Je ne sais pas trop ce qu’ils vont pouvoir faire concrètement. Mais le geste est là et ça fait plaisir de voir des jeunes européens aider les Philippins.

Tentes chinoises dans la cour de l’école de Kananga

Tentes chinoises dans la cour de l’école de Kananga

jeudi 20 février : Je suis allé à Balugo, à 3 kilomètres. Le barangay hall n’a plus de toit. À côté une tente chinoise. En fait les Chinois ont laissé pas mal de tentes un peu partout pour servir de salle abritée de la pluie mais il n’y a plus de Chinois.

Le camion d’Enfants du Mékong au lac Danao

mercredi 26 février : Aujourd’hui l’UNICEF a distribué aux élèves de l’école de Taroc deux boîtes de barres de « BP-5 Compact emergency food ». C’est fabriqué en Norvège. Ce sont des barres que l’on peut manger directement ou bien les diluer dans l’eau. J’y ai, évidemment, goûté et ce n’est pas mauvais mais nous les avons données à des gens qui en avaient besoin. Grâce à Dieu je peux encore nourrir ma famille convenablement.
L’UNICEF a aussi donné aux familles un joli jerrycan bleu de 20 litres pour conserver l’eau potable dans les maisons.

2 mars 2014 : Un monsieur à Taroc a donné 18 000 pesos pour avoir l’électricité et il l’a eue. Il est le premier du village. Avec les centaines de gens prêts à payer pour avoir enfin l’électricité certains à Leyeco vont se faire un magot… En principe Leyeco doit remettre l’électricité à tout le monde gratuitement…

3 mars 2014 : Nous avons rencontré une dame qui est adepte des Témoins de Jéovah. Ceux-ci lui ont versé 20 000 pesos pour réparer sa maison. Ils sont américains et riches car en occident les adeptes doivent donner 10% de leurs revenus à la secte (excusez-moi, je voulais dire à l’église). En tout cas ça vaut le coup de se convertir…

5 mars 2014 : Les maisons situées au bord de la route nationale ont l’électricité maintenant. Hélas nous sommes à 500 mètres de la route et ce n’est pas prévu avant deux ou trois mois. Nous sommes donc allés ce matin au siège de Leyeco à Ormoc en compagnie de l’électricien qui doit installer l’électricité dans notre maison. Ce centre Leyeco est immense (4 ou 5 hectares) avec des bâtiments, des hangars, des parkings, des entrepôts. Il y a une tente blanche de l’UNHCR Refugee agency et une tente bleue des Chinois. Il y a aussi une centaine de jeunes garçons (aucune fille) qui montent des compteurs sur des planches de bois. Il y a cinq compteurs par planche. Ces planches sont ensuite plaquées contre les poteaux. Il n’y a pas de compteur électrique dans les maisons comme en France. Tous les compteurs sont sur les poteaux à côté de la maison. Au moins cent personnes à qui Yolanda aura donné du travail mais quand l’électricité sera rétablie partout ce sera fini. Mon épouse et l’électricien ont rencontré l’ingénieur. Il s’agit d’un ingénieur honnête et sérieux qui leur a dit de ne verser aucun argent. Par contre on doit creuser les trous pour remettre les deux poteaux cassés et nous devrons aller chercher les deux poteaux au siège de Leyeco. L’électricien va demander au maire d’Albuera d’envoyer l’un de leurs camions. Donc si tout va bien on aura enfin l’électricité quatre mois après le typhon mais on devra payer ceux qui creusent les trous et l’électricien. C’est ça la vie aux Philippines… On fait avec…

La salle des fêtes d’Albuera entièrement détruite

La salle des fêtes d’Albuera entièrement détruite

13 mars 2014 : Le Rotary a fait construire quarante-six petites pirogues pour les donner à tous ceux qui n’ont plus de travail. Les gros bateaux de pêche (sinsoro) ont été détruits par Yolanda et les nombreux pêcheurs qui travaillaient sur ces bateaux se retrouvent sans emploi. Mon épouse me dit qu’ils ont été très contents que les bateaux soient détruits car leurs employeurs les maltraitaient et les sous-payaient. Seulement aujourd’hui ils sont sans ressources. J’ai rencontré le capitaine du barangay (quartier). Il est membre du Rotary et c’est lui qui a réussi à monter cette opération. Pour l’instant tous les bateaux sont dans la cour du barangay hall et n’ont pas encore de moteur. Les moteurs arrivent demain et la mise à l’eau sera dimanche devant le président du Rotary club d’Ormoc et le capitaine du barangay. La grande cérémonie de remise des bateaux aura lieu lundi matin à Ormoc. Il y en a dix pour Kayag ang. Plusieurs Rotary clubs américains ont participé à l’action. Ce serait formidable que le Rotary de Saint-Jean d’Angély puisse faire aussi quelque chose…

Les bateaux du Rotary devant l’hôtel Don Felipe Cérémonie de remise des bateaux du Rotary


 Cérémonie de remise des bateaux du Rotary

14 mars 2014 : Nous avons enfin l’électricité au village, quatre mois et une semaine après le typhon. Salamat agi nu o (Merci mon Dieu).

17 mars 2014 : Ce matin devant l’hôtel Don Felipe à côté du port d’Ormoc a eu lieu la cérémonie de remise des bateaux de la flottille Rotary. Les 46 heureux bénéficiaires portaient un T-shirt Rotary.

27 mars 2014 : L’ONG sud-africaine Action aid balay Mindanaw a donné tous les matériaux pour reconstruire les maisons de Tabgas. Ils ont donné aussi des graines pour faire un potager. Ils recherchent un terrain de deux hectares pour construire des maisons en dur pour cent familles. Hélas en raison de la surpopulation le prix des terrains est prohibitif. Ils sont vendus plus chers qu’en France.

alerte au typhon : Je viens d’apprendre huit mois après Yolanda que la télévision avait annoncé l’arrivée du super typhon en anglais et que par conséquent les gens n’avaient pas compris car malgré ce que s’imaginent quelques imbéciles de la télé très peu de gens comprennent bien l’anglais. Comme quoi l’imbécilité est bien une vertu internationale pas seulement réservée à nos élites bureaucratiques.

Le grand hardware d’Ipil entièrement détruit

Le grand hardware d’Ipil entièrement détruit

18 avril 2014 : La ligne téléphonique vient enfin d’être rétablie à Albuera. Cela a pris plus de cinq mois mais c’est fait. La boutique internet va enfin avoir la connexion et ce me sera sûrement utile car ma connexion est vraiment très faible.

23 mai 2014 : Quand on va à Ormoc on croise beaucoup de chantiers sur le réseau électrique. Partout on voit des techniciens en haut d’échelles sur les poteaux. Il reste encore des poteaux penchés. Près de la ville les poteaux supportent des dizaines de câbles et on peut encore voir des enchevêtrements inextricables de fils. Cela nous indique que près de six mois après le typhon le réseau électrique n’a toujours pas été rétabli en son entier. Il y a encore des foyers privés d’électricité.

29 mai 2014 : La maîtresse de Joachim a demandé à mon épouse quelques sacs de ciment pour réparer les toilettes de l’école qui ont été détruites par Yolanda. Nous ne sommes pas riches, mais grâce à Dieu, nous ne sommes plus actuellement dans la grande pauvreté (où j’ai quand même vécu il y a quelques années) et nous allons acheter cinq sacs de ciment pour l’école. Je le reconnais c’est une aide très modeste et j’espère que nous pourrons participer un peu plus à la reconstruction du village quand nos travaux seront terminés.

2 juin 2014 : La directrice de l’école de Joachim nous a demandé de l’aide pour réparer le mur d’enceinte de l’école qui a été détruit à de nombreux endroits par Yolanda. Nous allons donc payer un pan de mur.

11 juin 2014 : J’ai encore vu ce matin un technicien perché en haut d’un poteau électrique à côté d’Ormoc et aussi à Albuera. Ce sont des poteaux comportant un nombre impressionnant de câbles. Cela signifie que le réseau n’a pas encore été rétabli dans son intégralité, sept mois après le typhon.

nouvelles des chaussures données par Asian children’s foundation : Je ne vois jamais aucun élève de l’école avec les belles chaussures données par cette ONG. Mon épouse m’explique que les parents ne veulent pas que les enfants les portent afin de ne pas les abîmer…

construction de logements : L’église « Couples of Christ » a construit un ensemble de logements sur un terrain le long de la route de Sibugay. C’est un ensemble de bâtiments à un étage. Les logements se touchent afin de réduire les frais de construction. Les gens qui travaillent sur le chantier travaillent gratuitement. Ces logements ont été donnés à des victimes de Yolanda. C’est très bien mais, hélas, il en faudrait dix fois plus si l’on veut reloger les dizaines de familles qui vivent dans des taudis insalubres.

13 juin 2014 : Ce matin mon épouse a rencontré le capitaine du barangay (maire du village) pour des histoires de terre de remblai à récupérer. Elle n’a rien pu récupérer mais par contre elle a donné mille pesos pour retaper l’église. Cet après-midi elle a participé à une réunion des parents d’élèves à l’école et on va donc payer la moitié du ventilateur qui sera posé au plafond et quatre sacs de ciment pour réparer les toilettes. On n’est pas des pauvres ici et on est obligé de répondre à chaque demande. Il faut l’accepter. On aide modestement car nous ne sommes pas riches. Nous n’avons plus assez de sous pour terminer tous les travaux chez nous.

16 juin 2014 : Ce matin une vingtaine de jeunes lycéens de Singapour sont venus à l’école de Taroc. C’est la RCY (« Red Cross Youth Overseas Humanitarian project, Together out of the storm » de Singapour). Je constate qu’il y a beaucoup plus de filles que de garçons… Avec eux un dentiste examine les quenottes des bambins (je n’ose pas écrire de nos chères têtes blondes…). Ce fut une véritable hécatombe d’incisives. Joachim n’a pas pu y échapper, lui aussi y a laissé une dent et la pauvre Juday deux. Et dans la foulée on lui a fait avaler un vermifuge. Ils ne sont pas venus pour rien…Pendant ce temps des jeunes organisaient la distribution de médicaments pendant que d’autres se préparaient à aider les maçons qui tentent de remettre en état les toilettes qui ont été complètement détruites par Yolanda. Leur action à Albuera est prévue jusqu’au 23 juin. Cela fait vraiment plaisir de voir des jeunes s’engager pour aider les autres. Personnellement cela ne me fait pas oublier Flor Contemplacion qui restera éternellement dans nos cœurs.

Les jeunes de Singapour distribuent des médicaments

Les jeunes de Singapour distribuent des médicaments

Rotary : Le Rotary va construire un collège technique à Calingatnan (l’un des petits villages d’Albuera) pour former les jeunes à différents métiers.

17 juin 2014 : Ce matin une équipe de Leyeco était encore en train de travailler sur un poteau électrique au sein du village de Taroc. Il y a encore des maisons sans électricité…

RCY Singapour : Les jeunes de Singapour sont en pleine action. Un petit groupe fait du ciment et monte un mur en parpaings devant les toilettes. C’est une très bonne chose et nous avons offert quatre sacs de ciment pour ce chantier. Les autres se partagent dans quelques classes où ils font chanter les enfants sur l’air de « Frère Jacques ». Wash your hands, wash your hands etc… Je ne suis pas sûr que ce soit ce qu’attendent les habitants mais ça part d’un bon sentiment. Il y a encore une classe sans toit et le mur d’enceinte de l’école qui est très long a été détruit en grande partie. Ce qui manque cruellement ce sont des fonds. Des bras pour faire le ciment il y en a des dizaines à Albuera…

barques du Rotary : Quatre mois après leur lancement la peinture de la coque des bateaux rotariens commence à partir en plaque. La peinture n’a pas été faite par un professionnel de la peinture marine…

Yolanda livelihoods recovery programme : Un organisme gouvernemental intitulé livelihoods donne des fonds pour démarrer une activité économique à ceux qui en font la demande. Cet organisme est financé et parrainé par DEC (Disasters emergency committee), le Canada, Aktion Deutschland hilft, le ministère des affaires étrangères du Grand Duché du Luxembourg et SHO. Une dame du village Kayag ang au sud de chez nous a reçu 50 000 pisos (850 euros) et un monsieur de Tabgas a reçu 1 million de pisos pour crée une pisciculture (fish ponds).

10 juillet 2014 : Ce matin, huit mois après Yolanda Leyeco était encore en train de tirer des câbles sur les poteaux à Albuera et à Kayag ang. Le réseau électrique n’est toujours pas entièrement reconstitué huit mois après le typhon.

Transport d’un poteau électrique

Transport d’un poteau électrique

11 juillet 2014 mur de l’école : La directrice de l’école nous a donné la liste de ce que l’on doit acheter pour faire un pan de mur. Le mur de l’école a été détruit à plusieurs endroits. C’est plus que ce que l’on pensait mais on va acheter tout ce qui est demandé : 70 parpaings, 30 sacs de sable, 3 sacs de ciment et 5 tiges de fer à béton 9 mm. Et on va aussi payer les ouvriers qui vont faire le travail. C’est sûr que nous sommes plus riches que les autres parents d’élèves car les Philippins riches, eux, envoient leurs enfants dans des écoles privées. L’école publique c’est pour les pauvres et pour nous. Les autres Américanos envoient aussi leurs enfants dans les écoles privées…

17 juillet 2014 : Le pan de mur de l’école que nous avons financé est terminé avec notre nom gravé dessus… Le ventilateur dans la classe a été installé au plafond et la dalle en ciment derrière la classe a été posée également. Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça. Comme me le fait remarquer mon épouse ça nous aurait coûté moins cher d’envoyer notre fils dans une école privée mais je ne regrette pas. Là au moins le peu qu’on a donné a servi à quelque chose.

Notre modeste mur à l’école de Taroc (on fera mieux l’année prochaine)

Notre modeste mur à l’école de Taroc (on fera mieux l’année prochaine)

Médecins du monde à Tabgas : J’apprends aujourd’hui que Médecins du monde sont venus à Tabgas le village qui touche Taroc et où nous avons pas mal de cousins. Ils ont offert un petit terrain à une cousine de mon épouse qui est sage-femme à Albuera et ont fourni le matériel pour créer une petite maternité. Cela juste après Yolanda.

Sécurité civile : 41 membres de la Sécurité civile de Nogent le Rotrou interviennent peu après le typhon avec une grosse quantité de matériel et d’aide alimentaire. Ils travaillent à Talisay, à l’extrémité nord de l’île de Cebu ainsi qu’à Palo sur l’île de Leyte. Ils reconstruisent les toits sur les écoles et apportent des tentes pour les sans abris. Un médecin et une infirmière les accompagnent.

Sécurité civile de Nogent le Rotrou Sécurité civile de Nogent le Rotrou Sécurité civile de Nogent le Rotrou

Ormoc relief :  Cette ONG franco-américaine s’est occupée de fournir de la nourriture, des panneaux solaires, des matériaux de construction aux populations dans le besoin. Elle poursuit son activité plus d’un an après le typhon.

Que faire après Yolanda ?

Je ne sais pas encore ce que je vais pouvoir faire pour aider les gens de notre village mais j’ai déjà quelques idées qui me viennent à l’esprit. Ce serait formidable si Saint-Jean d’Angély pouvait se jumeler avec Albuera, pour commencer. Saint-Jean est déjà jumelée avec une ville de Louisiane, une ville du Québec et même une ville du Togo mais ce serait la première fois qu’une ville charentaise se jumelle avec une ville d’Asie (la petite ville de Richelieu dans la Vienne est jumelée avec une grande ville de Chine). Madame Mesnard vient d’être élue à la tête de la mairie et j’espère qu’elle réfléchira à cette possibilité. Les dégâts sont importants et il faudrait des dizaines de chantiers. Mon ami Dominique Lemay m’a conseillé de nous concentrer sur les écoles. Plusieurs classes de l’école de mon fils n’ont plus de toit. Mais Albuera comporte plusieurs villages et il y a d’autres écoles à reconstruire. Ce serait un beau chantier pour nos instances régionales. Le Conseil régional et le Conseil général pourraient faire un geste pour lancer l’opération. Nous agirions en partenariat avec Virlanie car je ne me sens pas habilité à recevoir des fonds. Je pense aussi à un chantier de jeunes volontaires pour l’été 2015. On verra si c’est possible…
Si le Conseil régional donnait 5 000 € et le Conseil général 5 000 € ce serait déjà formidable. C’est une somme modeste pour le budget de ces administrations. On pourrait déjà réparer entièrement l’école de Taroc et en partie d’autres écoles. Des jeunes volontaires pourraient venir participer aux travaux comme cela s’est fait à Kananga avec les étudiants allemands de Dumaguete. Ce n’est pas moi qui gérerais le budget mais cela pourrait faire l’objet d’un autre programme de Virlanie.
Le capitaine du barangay (maire du village) est membre du Rotary et grâce à lui le Rotary club d’Ormoc est très actif dans les projets de reconstruction d’Albuera. Je vais essayer de rencontrer le président du Rotary de Saint-Jean d’Angély ainsi que le Lion’s club, voir s’ils peuvent participer à la reconstruction des écoles.

PROGRAMME DE RECONSTRUCTION ORGANISE PAR VIRLANIE :

6 mois sont passés depuis le passage de Yolanda, l’un des typhons les plus violents de l’histoire.
La Fondation Virlanie, forte de ses 22 années d’expérience aux Philippines, travaille depuis dans 4 zones sinistrées avec les familles, les enfants et les communautés pour que chacun recouvre une autonomie totale.

Le 8 novembre 2013, les Visayas, au Centre des Philippines, ont été touchés par Yolanda un des typhons les plus violents de l’histoire. Forte de ses 22 années d’expérience, la Fondation Virlanie, fer de lance d’une réhabilitation durable dans les zones touchées, agit pour que les enfants, les
familles et les communautés recouvrent une autonomie totale.
En collaboration avec des bailleurs de fonds étrangers et locaux et grâce aux dons de particuliers, Virlanie a créé un projet global appelé Bangon Probinsiya qui signifie « Relève-toi Province » en tagalog, langue officielle des Philippines. La Fondation a pour objectif de reconstruire non seulement les infrastructures détruites par le typhon mais aussi de redonner espoir et de fédérer durablement les communautés. Ce programme est inspiré d’un autre programme de la Fondation, Balik Probinsiya qui permet aux familles des rues de Manille de retourner dans leur province.
Evalué grâce à l’expérience de la Fondation, il faut 3 à 5 ans pour réhabiliter entièrement une famille. Cela inclut le logement, les moyens de subsistance, l’éducation, le soutien psychosocial et de l’aide en gestion de budget.
Malgré tous ces mois passés, les familles ont plus que tout besoin de soutien et les donations leurs sont indispensables

virlanie.org: Intervention de la Fondation Virlanie suite au typhon Haiyan

bmetrack.com: Développer les moyens de subsistance pour réduire la vulnérabilité des familles

rfi.fr: Typhon Haiyan aux Philippines: qu’est devenue l’aide internationale?